Nous vous proposons aujourd’hui de faire le point sur la crise des semis conducteurs qui frappe l’économie mondiale depuis quasiment une année. Pour mieux comprendre les enjeux et les impacts de cette crise commençons par faire un point sur l’importance des semis conducteurs.
Le semi-conducteur est le composant principal de l’économie mondiale
Encore inconnus du grand public il y a quelques années, les semi-conducteurs sont un élément primordial du développement des technologies informatiques , que ce soit pour des équipements embarqués, la création de smartphones ou bien encore dans la fabrication de nombreux objets du quotidien.
Qu’est-ce qu’un semi-conducteur ?
Voici la définition technique d’un semi-conducteur : il s’agit d’un corps cristallin dont la conductibilité électrique est comprise entre celle des métaux (élevée) et celle des isolants (nulle). Ces composants sont très fortement utilisés dans la fabrication de diodes, de circuits intégrés, ainsi que pour les lasers à semi-conducteurs. Pour comprendre l’importance des semi-conducteurs, il faut garder à l’esprit que l’ensemble des appareils dont l’usage ou le fonctionnement s’appuie sur de l’électronique a besoin de diodes, de circuits intégrés ainsi que de lasers pour fonctionner.
Si on schématise, les semi-conducteurs ne sont pas les ingrédients principaux qui font tourner votre smartphone ou votre voiture, mais par contre, ils sont la matière première de ses ingrédients et sans eux, la production mondiale peut être ralentie voire même stoppée.
Le marché des semi-conducteurs est un marché qui pèse lourd mais un marché concentré
En 2020, on estime que le marché des semis conducteurs frôle les 450 milliards de dollars avec une croissance de plus de 7 %. Et c’est une marque bien connue du grand public qui en est le leader : Intel, suivi de près par Samsung Electronics et arrive en 3ème position le coréen SK Hynix.
Mais le marché du semi-conducteur ne repose pas seulement sur ces acteurs. Ces 3 grands groupes sont en charge de la conception des semi-conducteurs et non de la totalité de leurs fabrications. Une fois la conception du composant électronique imaginée et validée en laboratoire, il faut faire appel à une fonderie pour leur fabrication : et c’est la fonderie taïwanaise TSMC qui en 2020, était leader du marché avec plus de la moitié de la fabrication mondiale qui sortait de ses fours.
Des composants de fabrication issus des 4 coins du monde
L’un des principaux composants des semi-conducteurs se trouve en abondance sur la terre, il s’agit du silicium.
Issu de la silice qui est connue depuis l’antiquité, le silicium est présent dans de nombreux composants informatiques, mais aussi pour l’utilisation de panneaux solaires ou bien encore dans le verre ou certaines céramiques. Facile à produire, c’est la Chine qui en est la principale productrice mondiale avec plus de 70 % de la production sur son sol.
Il faut aussi des terres dites « terres rares » pour fabriquer nos semi-conducteurs, des matières premières comme le manganèse, le cobalt, le lithium, etc. La plupart de celles-ci se trouvent en Afrique et particulièrement en République démocratique du Congo. Enfin, les composants ont besoin d’une batterie qui elle est fabriquée en graphite et dont 65 % de la production mondiale est également située en Chine.
Pour résumer le cycle de vie d’un semi-conducteur, il faut donc extraire des terres rares, puis imaginer leur conception en laboratoire avant de les envoyer en fonderie pour leur fabrication pour qu’ils finissent intégrés dans des composants électroniques qui permettent à des objets du quotidien de fonctionner.
Après avoir rappelé l’importance des semi-conducteurs et les étapes de sa fabrication, abordons maintenant les raisons de la pénurie mondiale qui touche à peu près tous les secteurs d’activité.
Le marché des semi-conducteurs était déjà tendu avant la crise du Covid19
Avant la crise du COVID-19 et le récent conflit en Ukraine, le marché du semi-conducteur connaissait déjà une situation tendue avec une demande supérieure à l’offre et des enjeux géopolitiques venant perturber ce marché.
la demande mondiale des semi-conducteurs ne cesse de croître
Le besoin mondial en semi-conducteurs n’a fait que croître au cours des dernières années. Il faut toujours plus de composants électroniques que ce soit dans nos appareils du quotidien, dans nos terminaux mobiles ou de divertissement, pour gérer nos déplacements ou bien encore pour les fonctions régaliennes des Etats (armée, santé). La situation de la Chine qui illustre bien ce besoin est aussi un paradoxe.
Même si la Chine contrôle une partie des terres rares et autres composants naturels indispensables à la fabrication des S-C, l’empire du milieu ne possède pas la technologie pour fondre des composants d’une taille inférieure à 7 nanomètres. Résultat le pays le plus consommateur de semi-conducteurs au monde est dépendant comme plus de la moitié du marché de la fonderie taïwanaise TSMC.
Ce qui est valable pour la Chine est valable pour le reste du monde : la demande est supérieure à la capacité de production.
La crise du COVID 19 a bouleversé un marché déjà fragile
Même si elle n’est pas la première responsable de cette pénurie, la crise du COVID19 a été un formidable accélérateur de la pénurie et ce pour 3 raisons :
Des besoins en matériel informatique en constante augmentation
Le déploiement du télétravail dans une grande partie du monde a mécaniquement fait augmenter la demande en ordinateur matériel de télétravail ainsi que pour les smartphones. En effet, la non-anticipation d’un déploiement rapide de millions de machines a poussé de nombreuses entreprises à passer sur le même laps de temps leurs commandes de matériel informatique ce qui a fortement diminué les stocks, et pour fournir l’ensemble des commandes et reconstituer un « trésor de guerre » les fabricants d’ordinateurs ont surconsommé sur un fenêtre de temps courte des semi-conducteurs.
Une pénurie de main d’œuvre et de moyens de transport
Avec l’arrivée du COVID-19, de nombreux pays ont mis en place une politique de confinement. Cette mesure salutaire au niveau sanitaire a fortement ralenti la production de composants. Que ce soit avec une baisse de la quantité des matières premières extraites, un fort ralentissement du transport mondial, des situations d’import-export bloquées, des mises en quarantaine et bien sûr l’impossibilité pour de nombreux travailleurs de se rendre sur place, la production de semi-conducteurs au niveau mondial n’a pas pu suivre la demande.
Le boom du divertissement à domicile
Enfin, cela peut paraître anecdotique, mais la mise en place du télétravail et les périodes successives de confinement ont boosté le secteur du divertissement à domicile. En ayant moins accès à des loisirs extérieurs, de nombreuses personnes se sont rabattues sur des loisirs praticables à la maison avec en premier d’entre eux les loisirs numériques, comme les jeux vidéo par exemple. Achat d’une nouvelle console ou télé, remplacement de son smartphone, consommation de contenus en streaming, ces nouvelles habitudes de détente sont elles aussi gourmandes en composants électroniques.
le marché des semi-conducteurs est soumis aux aléas de la géopolitique mondiale
Devenus un véritable enjeu dans l’économie, la défense, voire même l’indépendance de certains états, les semi-conducteurs influencent la politique mondiale. On se rappelle le coup de chaud entre les USA et la Chine en matière de commerce il y a quelques années. En plaçant l’entreprise sur la liste noire l’ ex président Trump a contraint le fabricant de téléphones chinois à une série de mesures fortes notamment l’abandon de l’utilisation du système Android dans ces terminaux, mais aussi à faire des stocks de composants électroniques et donc à surconsommer des ressources.
La situation entre Taiwan, où se trouve la principale fonderie, et la Chine n’est pas non plus une situation géopolitique apaisée : certains experts estiment qu’en cas d’invasion de Taiwan par la Chine, la fonderie de semi-conducteurs pourrait être un intérêt stratégique majeur.
Enfin, l’approvisionnement en terres rares est aussi une donnée sensible : le récent conflit entre la Russie et L’Ukraine tend encore un peu plus le marché : en effet, L’Ukraine est le principal fournisseur de néon à travers le monde. Ce gaz noble est principalement utilisé dans la lithographie des S-C, la Russie, quant à elle, fournit le palladium qui est indispensable pour la fabrication de nombreux composants informatiques. Sans parler de la volonté de la Chine d’acheter avant même leur extraction la totalité des terres rares de la République du Congo.
Quelles solutions sont envisageables pour limiter les impacts de la crise mondiale des composants électroniques ?
Avant de parler des solutions mises en place, prenons un exemple concret de la crise des semi-conducteurs dans l’économie réelle à travers le marché du smartphone.
On estime qu’en 2021 près de la moitié des consommateurs de produits high-tech n’ont pas trouvé au moins un produit qu’ils recherchaient. Avec une conséquence directe pour le marché du smartphone : une baisse du marché pour l’année 2020. En effet, l’année 2020 fut une année compliquée pour le marché mondial du smartphone avec une baisse de la production des terminaux de l’ordre de 11 %.
Et si l’année 2021 a été synonyme de rebond, celui-ci a été moins fort que prévu. Alors qu’une croissance d’environ 10 % était espérée pour rattraper le retard de l’année 2020, celle-ci n’a atteint « que » 7 %. Derrière ce chiffre se cachent des disparités en partie liées à la crise d’approvisionnement. En effet Apple, représente près de 44 % du chiffre d’affaires du marché global. La marque à la pomme a su mieux gérer la crise que ses concurrents en sécurisant une partie de ses stocks de composants.
La pénurie de smartphone, on estime que seulement 80 % des unités attendues pourront être fabriquées, entraîne un effet sur le positionnement en matière de prix : une partie des consommateurs se rabattent sur un produit plus haut de gamme afin d’être certains de l’obtenir. Ce qui fut le cas avec l’Iphone 13 dont les ventes ont fait grimper le prix moyen des mobiles de 12 %.
On se retrouve dans une situation paradoxale : moins d’unités produites et disponibles, mais un prix moyen qui est ajusté pour permettre au marché de maintenir une croissance en valeur.
Enfin, le secteur du mobile reconditionné a lui aussi bénéficié de la pandémie en proposant aux acheteurs des téléphones de seconde main disponibles immédiatement.
Quelles solutions pour lutter contre la pénurie de semi-conducteurs ?
Il serait utopique de parier sur un ralentissement de la demande mondiale en matière de composant électronique, mais l’intégration d’une meilleure utilisation de ces pièces microscopiques dans la fabrication, la mise en place d’une filière de recyclage performante ou bien encore le développement du marché de seconde main sont des pistes à explorer et à développer.
En attendant que celles-ci soient mises en place, les géants du secteur investissent massivement pour augmenter leur capacité de production : la fonderie TMSC va investir près de 85 milliards de dollars pour créer une nouvelle usine de fabrication et doubler sa capacité de création, le géant Samsung Electronics a évoqué le chiffre faramineux de 350 milliards de dollars sur 5 ans.
Joe Biden annonce quant à lui 50 milliards d’investissements pour fabriquer des composants sur le sol américain, démarche qui intéresse fortement Intel. L’Europe n’est pas en reste avec un investissement de 12 milliards par l’Espagne et une volonté des 27 de créer une alliance de fabrication de composants électroniques.
C’est à l’ensemble des consommateurs de devenir partie prenante d’une solution écologique et économique pour tenter de réduire cette crise et de limiter notre empreinte carbone numérique, pour cela nos magasins Bouygues Télécom répartis sur le quart Nord-Est du territoire peuvent vous proposer des solutions en matière de reprise de mobiles et d’acquisition de terminaux de seconde main bénéficiant bien sûr de l’expertise et la garantie de la marque.